Le choucas, une espèce protégée mais contestée
Avec le corbeau freux, le choucas des tours est l’oiseau du clocher de nos villages. Sonore et sociable, serait-ce parce qu’il nous ressemble ? Dans certaines régions, on le trouve franchement envahissant.

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Choucas, un oiseau en noir et blanc
Le choucas des tours (Corvus monedula) affiche qu’il est antérieur à l’époque de la technicolor : son plumage est tout noir, les flancs et la poitrine tirant sur l’ardoise. Même son bec est noir. Ce qui n’est pas noir chez lui ? Son iris clair, telles deux gommettes collées sur le masque noir de sa tête et qui par contraste, accentuent son air perspicace.
Ne cherchez pas de différence entre le mâle et la femelle : ils sont blanc bonnet et bonnet blanc. Le tout en noir. Unis pour la vie, et qui prennent plutôt moins de place que leurs congénères : le choucas des tours est l’un des plus petits spécimens de la famille des corvidés (la famille de passereaux qui comprend 130 espèces de corbeaux, etc) : pas plus gros qu’un pigeon, 33 centimètres pour moins de 300 grammes.
Seulement voilà : même pas peur ! Non seulement cet oiseau se plaît en la compagnie des autres oiseaux que sont les étourneaux et corbeaux freux, mais il aime bien l’environnement humain : surtout en hiver, il se blottit dans nos propres constructions. Résultat, des nuées entières, qui se nourrissent à même les champs cultivés et pâturages, et habitent les tours, clochers et cheminées. Remarquez, il aime bien aussi les châteaux, mais désolé pour lui, nous sommes peu nombreux à en avoir.

Choucas de Daourie
Cette région ne vous est pas familière ? Elle est pourtant une réserve de biosphère de l’Unesco : la Daourie, à l’est du lac Baïkal.
C’est de là, que provient l’autre grande espèce de choucas. Il est la version blanc et noir du choucas de tours : poitrine et nuque blanches se rejoignent en un collier, d’où son autre nom de choucas à collier. Lui aussi est éminemment sociable.
Un mode de vie communautaire
Imaginez que cet oiseau peut vivre près d’une vingtaine d’années. C’est un record, mais c’est tout de même beau : plus il vieillit, plus il reste en couple. Selon les éthologistes, ce corvidé ne connaît pas le divorce. D’ailleurs, la règle est bien établie : chez le choucas, les célibataires obéissent à ceux en couple.
Comme une incitation à s’unir, ce qui ne tarde jamais : l’œuf une fois éclos, le petit choucas est mûr pour la vie à deux en moins d’un mois. Il rejoint rapidement les fameux dortoirs, le haut d’un arbre ou les anfractuosités d’une bâtisse pas forcément en ruine, où se rassemblent jusqu’une cinquantaine de couples.
Choucas des tours : nourriture
Chacun a ses préférences gustatives. Simplement, du côté du lac Baïkal, vous prenez ce qui vous tombe sous le bec. D’ailleurs, le choucas a tendance à rapter tout ce qui est au niveau du sol : avec un penchant plus prononcé que les autres corvidés pour les insectes. Et aussi un goût prononcé pour les invertébrés, sauterelles, perce-oreilles, blattes, mouches, coléoptères, tiques, vers de terre, cloportes, araignées, crevettes, mollusques.
Notez qu’il aime bien aussi les œufs des autres oiseaux : cigogne, héron cendré, mouette, faisans, pigeons, étourneau. Côté fruits, votre verger lui convient parfaitement : genévrier, hêtre, chêne, châtaignier, noisetier, pommier, cerisier, poirier, prunier, sorbier, figuier, mûre.
Avec un avantage sur les autres : partageux de son dortoir, ce corvidé se met en mode « cantine » pour l’estomac : c’est au premier servi, et il est rapide !
Choucas, son chant
Ne comptez pas sur sa compagnie silencieuse, le choucas est un oiseau ultra-bavard : selon ce qu’il a à dire, des « tiak tiak » aigus ou des « dié dié dié » pour tirer la sonnette d’alarme, cela peut faire des décibels. Certains trouvent les fameux dortoirs de cet oiseau un peu bruyants. Tout dépend de la taille du dortoir.
Le choucas « chante » en tous les cas, dans un répertoire plus aigu que la corneille et tous les autres corvidés.
Le choucas des tours, une espèce protégée
La différence entre un choucas et une corneille ? La corneille étant considérée comme une espèce nuisible, il y a le droit de lui tirer dessus. Tandis qu’il est désormais interdit de pointer son arme à feu ou de piéger les choucas.
Choucas des Tours apprivoisé ?
Attention, il est aussi interdit de détenir une espèce protégée. Dans un cas comme dans l’autre, l’amende est salée : 15 000 euros si vous êtes pris en train de vouloir réduire la population de choucas, une peine y compris d’emprisonnement si vous détenez un oiseau protégé, même blessé.
Au mieux, confiez-le à une volière, où il se rétablira avant son retour à l’état sauvage.

Choucas, bien connu en Bretagne
En Bretagne en particulier, c’est le principal reproche fait à ces oiseaux : ils bouchent les cheminées, en nichant dedans. Or, un dortoir de choucas représente un vrai risque d’incendies. Chaque année, les ramoneurs retrouvent des oiseaux dans les conduits des cheminées.
Si bien que le statut d’espèce protégée ne plaît pas à tout le monde : ce corvidé se reproduit facilement et son aire de répartition gagne du terrain. Hormis le sud-ouest de la France, il est désormais présent partout : une belle progression depuis son arrivée au début du XXe siècle par le nord de la France. On en trouve désormais même en Corse.
Cela n’est pas faute de faire débat : non seulement ce corvidé souille les édifices de ses déjections et ravage les cultures de maïs, pois, choux, échalotes, mais il emmagasine forces brindilles dans les cheminées. Pire, son seul prédateur qu’est l’autour des palombes, est absent en Bretagne.
En résumé, le choucas pose un problème typiquement cornélien : comment le conserver, sans qu’il ne nous envahisse ?
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