Le canard : un oiseau à découvrir
Avec tout ce qu'il sait faire, il nous en bouche un coin
On l’aime bien en magret, en plastique, en dessin animé. Mais connaissez-vous vraiment ce palmipède et le sort qui lui est parfois réservé ? Zoom sur le canard.

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Canard, un oiseau aquatique
Le canard est un oiseau aquatique de la famille des anatidés, qui comprend aussi les oies et les cygnes. Les anatidés forment l’ordre le plus important des oiseaux ansériformes (en forme d’oie). Ils se caractérisent par des pattes palmées à quatre doigts avec des ramures qui relient les trois doigts devant, et un bec muni de lamelles filtrantes qui retiennent les substances nutritives de l’eau lorsqu’ils l’aspirent.
Canard, son plumage est un ciré de marin
Le canard a un plumage parfaitement imperméable. Non seulement les plumes se chevauchent, mais lorsque le canard les nettoie avec son bec, il les enduit d’une fine couche de graisse imperméabilisante.
Son plumage est tellement étanche, que le duvet proche de la peau reste au sec, même lorsqu’il pique une tête dans l’eau.
De surcroît, le canard nettoie son plumage : lorsque vous le voyez se redresser, battre des ailes, secouer la tête, ce n’est pas pour autre chose.
La femelle du canard
La cane est la femelle du canard. Selon les espèces, elle a un plumage différent du mâle. Ce dimorphisme sexuel permet de la reconnaître facilement.
Les petits sont appelés les canetons.
Comment et où vivent les canards ?
Nous avons volontiers en tête le mouvement de bascule du canard qui met la tête sous l’eau, le derrière pointé à la verticale, les pattes bien centrées par rapport au corps pour se maintenir en équilibre en donnant des “coups de pattes”. Au point que le plongeon du canard a donné son nom à une technique de plongeon, de même qu’à la façon de passer sous une vague déferlante en surf (duck dive).
Tous les canards ne plongent pas de manière identique. Leur façon de le faire est même la façon de les distinguer.
Canards de surface ou barboteurs
Les canards de surface ou barboteurs rassemblent le plus grand nombre d’espèces de canards, soit 55. Ces canards des eaux stagnantes peu profondes (mares, étangs, marécages) se nourrissent à la surface de l’eau de graines, feuilles, tiges, vers, mollusques et petites crustacés. Les canards barboteurs ont donné cette image du canard qui pique une tête dans l’eau, la queue tournée vers le ciel.
Parmi ces barboteurs, le colvert, mais aussi le canard mandarin, le canard chipeau, le canard souchet, le canard siffleur. Autant de canards de l’hémisphère nord. Ces canards barboteurs ont une très bonne aptitude au vol. Pour ce faire, ils décollent d’un coup, le corps relevé vers l’arrière.
Canards plongeurs
Les canards plongeurs évoluent en eaux libres, aux profondeurs adaptées à leurs besoins en larves et mollusques. Ce sont des canards trapus, aux ailes plus courtes et aux pattes plus en arrière du corps. Pour plonger, ils prennent leur élan en courant sur l’eau et en battant des ailes. Ils s’immergent alors complètement sous l’eau.
Sédentaires dans l’hémisphère sud, les canards plongeurs sont migrateurs dans l’hémisphère nord. Parmi ceux-ci, le fuligule milouinan, originaire des zones côtières du nord de l’Europe et les marais des toundras, qui migre chez nous en hiver, où il a tendance à s’installer.
En revanche, le fuligue morillon reste migrateur. Très mignon avec son plumage noir et blanc, sa tête ronde, son œil jaune et son bec bleu-gris à la pointe noire, il est présent en hiver dans le marais poitevin.
Canards piscivores ou harles
Les canards barboteurs et plongeurs sont des canards d’eau douce. Les canards d’eau de mer ou harles ont le bec pointu, muni de dents acérées, avec l’air de sourire en permanence.
Le harle piette est un des canards mâles des plus élégants, avec des liserés noirs sur le plumage blanc et une houppette. Quant au harle bièvre, il n’hésite pas à plonger dans l’eau avec ses petits sur le dos.
Le canard colvert
Le canard colvert aurait été domestiqué en Chine il y a 4000 ou 5000 ans. Rareté de la nature, le canard colvert se croise facilement avec d’autres espèces de canards. Une hybridation qui n’est pas réservée aux élevages : dans la nature, le colvert se débrouille tout seul pour se croiser façon mixité.
Le colvert est le canard le plus commun d’Europe occidentale. Le mâle se reconnaît à sa tête verte, son « collier » blanc et quelques plumes noires sur sa queue recourbée. La femelle arbore une couleur de camouflage marron et dispose d’un miroir iridescent bleu-violet bordé de barres blanches sur les ailes. Si la femelle nous paraît moins jolie que le mâle, ces derniers ne la voient pas comme nous : il n’est pas rare que plusieurs colverts se battent pour la même femelle.
Le vol du canard
Tout le monde ne sait pas tout faire… c’est pareil chez les canards. Les canards plongeurs volent mal. Mais les espèces qui volent bien peuvent être impressionnantes : le harle huppé détient le record de vitesse. Un spécimen a été enregistré en volant à 160 km/h. Un record.
En tous les cas, la sarcelle, canard réputé bien voler, ne dépasse pas les 50kms/h, ce qui n’est tout de même pas si mal.
Une vue à 360°
Tentez d’approcher un canard par derrière, il vous verra. Ses yeux de chaque côté de la tête ont une vue à 360 degrés, excellente de loin comme de près. Des yeux indépendants l’un de l’autre, qui lui permettent de ne dormir que d’un œil, au sens propre du terme.
Un canard domestique chez soi ?
Chez le canard, le mâle est plutôt silencieux et ne s’exprime qu’avec un son enroué. Les cancannements sont l’apanage de la femelle, qui en use plus ou moins selon les espèces.
Si vous souhaitez adopter des canards, cela peut être un critère de choix. Le canard musqué et le Campbell sont les plus silencieux. Ce dernier est de surcroît très résistant, et sa cane prolifique.
Les canards, des assainisseurs de l’eau
L’Homme a toujours domestiqué les animaux en fonction de ses besoins. Avec le canard, il n’a pas seulement songé aux magrets. Au XVIIIe siècle, l’eau destinée à la consommation humaine est stockée dans des réservoirs ou abreuvoirs. Cette eau attire les moustiques et héberge la Salmonella typhi, la bactérie de la fièvre typhoïde. C’est le cas dans le marais vendéen.
Par chance, au XVIIe siècle, les hollandais furent appelés pour remodeler le marais poitevin. Leur roi leur avait offert des canards, qu’il apportèrent avec eux. Ces canards se croisèrent avec les canards sauvages présents, grossissant les effectifs de canards sédentaires.
Au début du XXe siècle, le docteur Pelletier, médecin à Bouin, découvrit le lien entre la diminution des épidémies de typhoïde et de l’infestation de moustiques, avec la présence des canards, se nourrissant des insectes et filtrant l’eau de leur bec.
Aujourd’hui, ce fameux canard croisé est l’emblème de Challans.

Canards, le scandale du foie gras
Nettement moins emblématique, en 2020, la découverte par l’ONG L214 de conditions d’élevage de canards scandaleuses, à Lichos, dans les Pyrénées-Atlantiques (à une cinquantaine de kilomètres de Pau). Des conditions d’élevage « répugnantes » et « révoltantes » , qui sont entrées en résonance avec l’opportunité de gaver des canards, pour le plaisir de nos papilles.
La Ville de Lyon a décidé de ne plus servir de foie gras lors de ses réceptions officielles. A l’inverse, les élus du Périgord défendent le foie gras de canard, mais issu d’élevages non industriels.
Le symbole est d’importance, quand la France produit 18 500 tonnes de foie gras des 23 000 tonnes de production mondiale. Il reste que 4500 tonnes, dont 2300 tonnes de foie gras de canards, sont importées d’Europe de l’Est, vendues sous le label “made in France”.
Stop au pain
Donner du pain sec aux canards part d’un bon mouvement, mais est hautement nuisible à sa santé : le pain leur remplit l’estomac, incapable de digérer le gluten, sans les nourrir.
Pire, le sel contenu dans le pain attaque leur système cérébral, leurs reins et leur cœur. Si vous avez envie de nourrir les canards, donnez-leur des graines variées, avec modération pour ne pas les rendre “animaux dépendants.”
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