Animaux sauvages

Le bouvreuil, un discret aux couleurs vives

Le bouvreuil nous souhaite chaque année de bons vœux : en hiver, il se regroupe en petites unités pour trouver plus efficacement de quoi se nourrir. Si bien qu’il offre un joli contraste sur la neige, image emblématique de nos cartes de nouvel an.

Le bouvreuil, un discret aux couleurs vives

Le bouvreuil, présentation

Du latin bovariolus, « petit bœuf » en raison de son petit corps trapu, ou encore parce qu’il suit volontiers le laboureur qui conduit la charrue, le bouvier est un passereau de la famille des Fringillidae tout comme le pinson, et du genre pyrrhula, du grec « pyrrhos », le feu, en référence à la couleur vive du plastron du mâle.




Petit (quinze centimètres de long pour moins de trente grammes) et trapu avec une grosse tête, cet oiseau se distingue par le plumage coloré du mâle : son plastron, sa gorge et ses joues sont rouge-orangé. Sa tête et sa queue sont noires. Et son croupion est blanc.

La femelle a des couleurs nettement plus discrètes, du gris-orangé au beige. Pas de discrimination, mais un camouflage naturel pour ne pas être repérée lorsqu’elle couve. De même pour les juvéniles, au plumage discret comme la femelle. La coloration vive vient ensuite.

Un passereau aux couleurs vives
Un passereau aux couleurs vives

Un grand timide

Rarement, vous verrez cet oiseau au sol. Ou même ne le verrez. Dès qu’il se sent observé, il fuit et cesse instantanément de chanter. S’il n’est pas solitaire comme le rouge-gorge, le bouvreuil est plus posé que le pinson et moins agile que le chardonneret. Et moins sociable qu’eux.

En hiver, il se joint de façon opportuniste à d’autres espèces : uniquement parce qu’il faut bien manger. Son habitat idéal est caché dans la végétation.




Son aire de répartition

Femelle et mâle ont des ailes courtes et un bec épais, typiques des oiseaux granivores. Le bouvreuil se nourrit de graines de baies sauvages et de bourgeons : épicéas, aulnes, érables, frênes.

Si bien que cet oiseau se rencontre volontiers dans les forêts de conifères : ainsi est-il bien présent en Savoie, où il donne volontiers son nom à nombre de gîtes vantant le calme de leur site. En région Rhône Alpes, cet oiseau préfère même les deux Savoie, plus fraîches et humides selon son goût, que l’Isère.

Le bouvreuil, le dam des jardiniers

Faute de bourgeons forestiers, ce petit passereau se nourrit de ceux des arbres fruitiers, sa seconde nourriture, surtout en plaine et faute de végétation dense et feuillue : pommiers, cerisiers, poiriers, pruniers, noyers, noisetiers, le bouvreuil dépouille un arbre à la vitesse de dix à trente bourgeons à la minute.



Il pille les vergers, au point qu’en Grande-Bretagne, le bouvreuil est taxé de « peste aviaire ».

Il s’offre, en tous les cas, le luxe de choisir : il aime les bourgeons de poires Williams et Conférence, mais pas du tout les Comice. Vous voici prévenus.

Cet oiseau sait aussi se nourrir de pissenlits et d’ortie : pour ce faire, il ne se pose pas sur la plante, mais la décortique en vol stationnaire. Seuls les juvéniles sont nourris d’insectes : un apport haute teneur en protéiné qui dure le temps qu’ils prennent leur envol, une petite vingtaine de jours après éclosion de l’œuf.

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Son chant si timide

En vol, le bouvreuil se sert de son chant pour localiser ses congénères : un sifflement timide sur une seule note, basse et mélancolique. Un son qui rappelle la flûte de Pan, et s’arrête dès que le bouvreuil se sent observé.

Un chant qui s’éduquerait : selon Buffon, ce petit passereau est capable de restituer les mélodies qu’on lui fait entendre. Les montagnards de la Forêt Noire en capturaient et vendaient dans des cages en bois ciselé : la finesse de la cage et le chant du bouvreuil faisaient hausser le prix de vente.




Une nidification très discrète

Cet oiseau vit en couple : c’est la femelle qui choisit le mâle, si bien que la parade nuptiale se partage équitablement entre les deux. Une fois le couple formé, le nid est construit par la femelle en un lieu choisi par le mâle, qui va tout de même chercher brindilles, feuilles, mousse et lichen.

Un nid bien perché, à l’abri des prédateurs que sont les pies, geais, fouines, belettes et chats. Pour rester caché, le bouvreuil construit son nid le plus tard possible. Alors, la femelle couve jusqu’à deux à trois fois par saison (d’avril à août), à raison de quatre à six œufs par couvaison.

Le bouvreuil, les espèces représentatives

En Europe, le bouvreuil est sous-entendu le bouvreuil pivoine (pyrrhula pyrrhula). Au total, il existe sept espèces de bouvreuils, dont le bouvreuil des Açores, en danger critique d’extinction.

Hors d’Eurasie, certaines espèces impliquent de voyager : le bouvreuil orangé vit exclusivement au Cachemire. Quant au bouvreuil ponceau, il est originaire du Kamchatka, et se trouve au nord de l’Europe. Signe distinctif, il est peu craintif et se laisse facilement dresser.

Un petit passereau aux couleurs vives
Un petit passereau aux couleurs vives

Son rôle écologique

En France, le bouvreuil fait partie des espèces retenues pour la Trame verte et bleue, cet ensemble de corridors écologiques mis en place par le Grenelle de l’Environnement en 2007 : hormis la frange méditerranéenne et la Corse, ce passereau est présent sur tout le territoire. Or, ses besoins alimentaires sont un excellent indicateur de biodiversité.

Et justement, en vingt ans, la population de bouvreuils a chuté de 60% en France, au point que l’espèce y a été classée « vulnérable » selon les critères de l’UICN. Une diminution plus importante en France encore que dans le reste de l’Europe. Premiers responsables de cette chute de population, les produits phytosanitaires employés pour les arbres fruitiers.

Pour en savoir plus

La rédaction de Touvert.fr vous invite à consulter d’autres articles sur les oiseaux :

Pascale

Née en 1960 à Dakar au Sénégal, Pascale est toujours un peu cet enfant qui a grandi au bord de la mer, même si elle vit aujourd’hui à Paris. Les obligations professionnelles de ses parents l’ont amené à voyager à travers le monde et à rejeter le matérialisme pour se concentrer sur l’humain. Quand elle arrive en France pour faire Sciences Po Paris, c’est un grand décalage qui l’attend. Elle conforte alors sa vision de la vie aux autres jeunes gens de son âge. Elle s’habitue à ce nouveau rythme, mais c’est la perpétuelle recherche du « reste du monde » qui la guide et la mène au journalisme. Elle découvre la radio, elle collabore d’ailleurs toujours à Radio Ethic, puis le média web. Ses domaines de prédilection : le sport, pour sa dimension d’échanges et partages, et l’écologie bien sûr. Elle la vit au quotidien en se déplaçant à bicyclette et trouvant toujours une astuce récup’ pour ne pas acheter neuf inutilement. Elle rejoint l’équipe de Toutvert.fr en 2016, dont elle devient rapidement un pilier central !

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