On compare les barrières de corail aux forêts tropicales : elles sont aux poissons ce que la forêt est à l’oiseau. Avec le réchauffement climatique, vont-elles disparaître ? Focus sur la barrière de corail.

Contenu
- 1 Barrière de corail : définition
- 2 Comment se forme une barrière de corail ?
- 3 Où se trouve une barrière de corail ?
- 4 Quelles sont les principaux récifs coralliens ?
- 5 Le récif barrière
- 6 Quelles sont les plus belles barrières de corail ?
- 7 Barrière de corail : du danger à la disparition ?
- 8 Pour en savoir plus
Barrière de corail : définition
Le corail a d’unique d’être un animal (un polype) qui vit en symbiose avec un végétal (l’algue zooxanthelle, qui lui fournit son énergie) pour donner un minéral.
Apparu à l’ère primaire (il y a 400 millions d’années), le corail est l’écosystème le plus ancien et le plus diversifié de la planète (0,2% des océans, 30% de la biodiversité marine).
Comment se forme une barrière de corail ?
De la famille des anthozoaires (signifiant « animaux-fleurs », embranchement de celle des cnidaires comprenant aussi les anémones de mer et les méduses), le corail vit en colonies appelées polypes et fabrique son exosquelette.
On distingue le corail mou, dont le squelette est en protéines, du corail dur, dont celui-ci est en aragonite (carbonate de calcium). C’est ce corail dur, qui construit les récifs coralliens depuis le fond de la mer vers la surface.
Les scléractiniaires (auparavant appelés madrépodaires) sont le principal corail dur constructeur de récifs coralliens ou barrières de corail. 100 000 espèces ont été inventoriées
Où se trouve une barrière de corail ?
Les coraux se rencontrent dans les zones intertropicales (30° nord et 30° sud).
Les îles volcaniques tropicales forment un substrat idéal pour la fixation des polypes.
Les coraux ont besoin de mers chaudes, entre 18 et 30° (de préférence entre 25 et 27 degrés), température indispensable à la précipitation du calcaire de leur squelette. Mais au-delà de cette température, les coraux blanchissent et meurent.
Les coraux ont également besoin d’une salinité de l’eau de 35g/litre. En-deçà, se forment des passes dans les récifs coralliens, correspondant à l’embouchure des rivières ou fleuves. Au-delà de 40g/litre, le corail meurt également.
Les coraux ont besoin de lumière : au-delà de 30 mètres, la luminosité n’est plus suffisante, pour que la zooxanthelle réalise sa photosynthèse.
Enfin, les coraux étant des animaux fixés (seul le corail en forme de champignon n’a pas besoin d’être fixé), ils ont besoin d’une mer pas trop agitée, à la fois oxygénée et riche en nutriments. Si bien que seuls les coraux les plus résistants sont présents sur la zone de déferlement de la mer. Si la mer est trop calme, ils se retrouvent privés d’oxygène et meurent également.
Quelles sont les principaux récifs coralliens ?
Il existe quatre grands types de récifs coralliens :
Le récif frangeant
Le récif frangeant est le récif géologiquement le plus jeune : c’est celui qui colonise les flancs d’un volcan, même s’il s’en trouve ensuite parfois séparé par un chenal étroit et peu profond, appelé « dépression d’arrière-récif ». Cette DAR n’est pas un lagon.
Sur l’île de la Réunion, les récifs coralliens sont des récifs frangeants : ils sont jeunes (10 000 ans) et bordent l’ouest de l’île sur 25kms. Autre récif frangeant, celui de l’île de Siladen, dans le parc sous-marin et aire marine protégée de Bunaken en Indonésie : plus de 600 espèces de coraux et 1000 espèces marines, dont les crabes-éponges, anémones de mer géantes, et tortues qui sont protégées.
Le récif barrière
Le récif barrière est un ancien récif frangeant : le volcan s’est affaissé en raison de la subsidence thermique, créant un lagon entre la terre et le récif, le plus grand lagon du monde étant celui de la Nouvelle-Calédonie.
Comme son nom l’indique, le récif barrière protège la côte de l’océan. Il croît vers le large et marque une différence nette entre le bleu turquoise du lagon et le bleu profond de l’océan.
Le récif barrière forme une ceinture unique ou « ligne de corail » plus ou moins continue autour d’une île.
La double barrière de corail
En dix points du globe seulement, cette barrière de corail est double : c’est le cas sur la côte est de la Nouvelle-Calédonie, de Port-Bouquet à la presqu’île de Canala.
Et à Mayotte : la fameuse passe en S de Pamandzi témoigne d’une ancienne rivière, qui coulait avant que l’île ne s’enfonce.
Les atolls
Les atolls sont le stade ultime d’un volcan qui s’est enfoncé dans la mer : la terre émergée de quelques mètres au-dessus du niveau de la mer, est constituée de sable et de matériaux coralliens, entourés d’une unique barrière de corail.
Le plus grand atoll au monde est celui de Christmas dans les îles Kiribati. L’atoll ayant le plus grand lagon est celui de Kwajalein des îles Marshall, le deuxième étant Rangiroa en Polynésie française. Ce dernier compte 240 motus sur son récif corallien.
Les îles récifales ou cayes
Alors que les motus sont constitués de dépôts de tempête et de blocs arrachés aux pentes externes des récifs, les cayes sont du sable accumulé par la houle. Dans l’océan Indien, les Glorieuses, Juan de Nova et Tromelin sont des cayes.
Quelles sont les plus belles barrières de corail ?
La France est le seul pays à disposer de récifs coralliens dans les trois océans, soit de 10% des récifs coralliens.
Australie, la grande barrière de corail
Longue de 2600 kilomètres, la Grande Barrière de Corail, au large du Queensland, est la plus grande barrière de corail du monde : 2900 récifs et 600 îles ! C’est aussi la plus grande structure biogénique au monde.
Découverte à ses dépens par le capitaine Cook (son navire l’Endeavour y échoua en 1770), la Grande Barrière serait un récif corallien jeune (18 000 ans), formé lors de la dernière ère glaciaire (la fin du Pléistocène) : lors de la glaciation, le niveau de la mer a baissé, le corail se formant en lisière des collines. Puis avec la montée des eaux à la fin de l’ère glaciaire, ils ont colonisé les collines cette fois immergées.
Résultat, de magnifiques récifs touristiques (Ribbons, Stanley, Flynn, Normann), royaume du snorkeling pour admirer presque toute la faune marine mondiale : dauphins, raies manta, palourdes géantes, poissons-perroquets à bosse, etc
Nouvelle-Calédonie, la barrière de corail du Grand récif
Le long de Grande Terre, l’île principale de Nouvelle-Calédonie, s’étend la deuxième plus grande barrière de corail au monde, longue de 1600 kms : sur les 800 espèces de coraux connus, 400 y sont répertoriées, dont les coraux phosphorescents.
Quant à la faune marine, elle compte 20 000 espèces, requins, tortues, baleines, etc.
Bélize, la barrière de corail méso-américaine
En mer des Caraïbes, cette barrière de corail est la plus importante de l’hémisphère ouest. Elle s’étend sur 1000 kilomètres, depuis la pointe du Yucatan au sud du Mexique, jusqu’en baie du Honduras.
Son point d’attraction est au large de Bélize, le Grand Trou Bleu, une grotte sous-marine de 300 mètres de diamètre et plus de 100 mètres de profondeur, avec des stalagmites et stalactites de 5 mètres de hauteur.

Bahamas, la barrière de corail d’Andros
L’archipel de récifs coralliens de Bahamas, au nord de Cuba, a une barrière de corail singulièrement profonde : jusqu’à 1900 mètres.
Là aussi, des trous bleus, ces grottes creusées lors de la dernière glaciation par des pluies acides dans le calcaire alors à l’air libre. Pour plongeurs accompagnés et expérimentés…
Maldives, la Grande barrière de corail
En 2012 au Sommet de la Terre à Rio, le président des Maldives s’était engagé à classer l’ensemble du pays en aire marine protégée : 26 atolls et un millier d’îlots coralliens, qui sont un dépliant touristique en soi.
Jusqu’à présent, on peut y voir presque toutes les espèces de poissons et de coraux existants au monde.
En Indonésie, le Triangle du Corail
Entre la Malaisie, les Philippines et l’Indonésie, le Triangle du corail est l’occasion de nager avec des dugons.
Parmi la faune marine qu’abrite les 600 espèces de coraux différentes, six des sept espèces de tortues marines existantes. Et les plus gros thons de la planète.
Barrière de corail : du danger à la disparition ?
Barrières de corail et réchauffement climatique
A l’échelle mondiale, 20% des récifs coralliens ont définitivement disparu et 20% sont menacés de disparition imminente.
Blanchissement des coraux
Lorsque la température de l’eau s’élève de trop, la symbiose entre le corail et la zooxanthelle est rompue : le corail meurt de faim.
En effet, le système photosynthétique de la zooxanthelle sécrète alors trop de dérivés réactifs de l’oxygène (DRO), qui ne sont plus convertis en oxygène. Ces DRO endommagent les cellules des polypes, qui expulsent la zooxanthelle.
On parle de blanchissement, car c’est l’algue qui donne aux coraux ses couleurs spectaculaires : vertes, bleu, rouge, orangée. Les tissus du corail sont transparents et son exosquelette blanc.
Épisodes de blanchissement
A l’échelle mondiale, les récifs coralliens ont déjà connu trois épisodes de blanchissement par stress thermique :
- En 1997-1998, El Nino avait causé la mort de 16% des récifs coralliens, en particulier dans l’océan Indien.
- En 2010, ils ont connu un phénomène de moindre ampleur : dans ces deux premiers cas, la température de l’océan s’est élevée de 0,3 à 0,5°C.
- En 2016, la température des océans s’est élevée de 1 à 2 degrés : plus de 60% des récifs de la Réunion, Mayotte ou encore des îles Éparses sont affectés.
Aujourd’hui, la moitié de la Grande Barrière de Corail meurt par blanchissement.
L’acidification des océans
Pour former son exosquelette, le corail a besoin d’une acidité de l’eau au pH de 8,1 et de la présence d’aragonite dans l’eau.
L’accumulation du CO2 par l’océan est due à l’activité anthropique et la densité en aragonite a tendance à diminuer.
L’acanthaster pourpre, l’étoile de mer mangeuse de corail
Lorsque les récifs coralliens dépérissent, ils sont colonisés par d’autres algues (sur les récifs frangeants favorisés par les nitrates agricoles), qui font le lit de l’acanthaster pourpre, une étoile de mer corallivore invasive.
Cette étoile de mer d’un mètre de diamètre et aux piquants venimeux (d’où son surnom de « couronne d’épines »), est la plaie de la Grande Barrière de corail, dont elle se repaît : l’acanthaster pourpre dévore un mètre carré de corail par jour.
L’acanthaster pourpre est uniquement absente de l’océan Atlantique.

Comment protéger la barrière de corail ?
Écosystèmes anciens, les récifs coralliens ont donc traversé les temps géologiques. Le problème est que le réchauffement climatique est à l’échelle de temps humaine, extrêmement rapide.
Certains coraux y résistent mieux que d’autres : les poritès résistent assez bien, mais pas les acropores.
La capacité de résilience des récifs coralliens a ses limites : ainsi l’Australie s’emploie-t-elle à rechercher des solutions contre l’acanthaster pourpre (robots, chimie). Par chance, le triton géant est un coquillage qui se nourrit de cette étoile de mer. Mais est-ce suffisant ?
Un habitant sur 15 dépend des récifs coralliens, par la ressource en poissons et la barrière de protection des littoraux. En décembre 2004, le tsunami qui a submergé l’île de Sumatra en Indonésie, a quelque peu épargné la côte protégée par les récifs.
Pas sûr que le classement des barrières de corail au patrimoine mondial de l’Unesco soit d’une efficacité totale.
Pour en savoir plus
La rédaction de Toutvert.fr vous invite à consulter les articles suivants :
- Les courants marins peuvent-ils vraiment s’arrêter ?
- Éolienne offshore : elle a le vent en poupe
- Le phoque, un animal étonnant
- Comment bien choisir son poisson frais ?
- Pour tout savoir sur l’énergie marémotrice
- Dépolluer les océans en 5 ans : le projet fou de Boyan Slat
- Quel est le danger de l’acidification des océans ?
- Pollution des océans, ce qu’il faut savoir
- La fonte des glaces, un danger bien réel
- La baleine, découvrez ce mammifère fascinant
- Tout savoir sur l’énergie thermique des mers
Laissez un commentaire