La milpa, également appelée les « 3 sœurs », est un grand classique d’association de cultures. Originaire de Mésoamérique, le principe est simple : combiner trois cultures qui vont s’entre aider dans leur développement. Ces trois cultures sont traditionnellement le maïs, le haricot et la courge.
Une légende à l’origine de cette association de cultures
Il est dit que trois sœurs inséparables vivaient dans un champ. Selon la croyance, ces trois plantes devaient vivre en symbiose. Certains assurent qu’à la nuit tombée, elles prenaient forme humaine et dansaient et chantaient les louanges de leur mère, la Terre.
Un jour, à la fin de l’été, un Amérindien vint dans le champ et emporta la plus jeune des sœurs. Laissant les deux autres inconsolables jusqu’à l’automne. Puis l’homme revint et la seconde sœur disparu à son tour. A la fin de l’automne, l’homme revint de nouveau dans le champ. Il était si triste de voir la troisième sœur souffrir qu’il l’apporta chez lui.

Quelle ne fut pas sa surprise quand elle constata que ses sœurs étaient dans la maison de l’homme. Les trois plantes appréciaient la chaleur du domicile de l’Amérindien. C’est pourquoi elles décidèrent de tout mettre en œuvre pour nourrir ce dernier durant l’hiver :
- La plus jeune des sœurs, l’haricot, devait garder les casseroles pleines,
- La deuxième sœur, la courge, séchait tranquillement en attendant l’hiver,
- L’aînée, le maïs, aidait à broyer le grain.
C’est pourquoi les Amérindiens, à la fin de la moisson, chantaient « les trois sœurs sont heureuses parce qu’elles sont de retour à la maison après avoir passé l’été dans les champs ».
Cette petite fable nous en dit long sur l’intérêt de combiner certaines plantes entre elles. L’association de cultures se définit par les apports mutuels de chaque plante.
Définition de l’association de cultures
Comment fonctionne la milpa ?
La milpa fonctionne sur la base d’une association de cultures : maïs, haricot, courge. Il s’agit de combiner ces trois plantes afin que chacune bénéficie des avantages des autres.
Les plants de maïs sont la culture principale et servent de tuteurs aux plants de haricots. Le maïs a besoin d’une forte irrigation et d’apports importants en azote pour se développer. En poussant, les haricots (légumineuse) s’enroulent autour des plants de maïs. Les légumineuses permettent de fixer l’azote dans le sol. Le maïs profite ainsi de la présence des haricots. Les courges (plantes rampantes) fournissent quant à elle un couvert végétal qui protège le sol (érosion éolienne et hydrique) et garde l’humidité. Elles permettent également de limiter la prolifération des adventices. Les haricots et les courges permettent donc d’améliorer le rendement du maïs (culture principale).

Les avantages de l’association de cultures
En plus de l‘amélioration du rendement, les agriculteurs diversifient leurs cultures et augmentent en conséquence la résilience de ces dernières. En effet, les monocultures ont tendance à appauvrir et dégrader les sols et à être plus vulnérables face à des menaces abiotiques ou biotiques.
La diversification des cultures permet aussi une autosuffisance alimentaire. Ce qui représente un avantage certain dans un monde où nourrir la planète entière est encore un défi. Ces plantes fournissent une alimentation équilibrée : glucides et protéines (maïs), protéines et acides aminés (haricots), vitamines et lipides (courges).
En fin de saison, tous les déchets résiduels des plantations peuvent être récupérés pour fabriquer du compost de qualité. De plus, cette technique est économique dans la mesure où l’apport en intrants est très faible.
D’autres associations de cultures sont évidemment faisables. La technique de la milpa s’est formée sur les produits de bases qui étaient consommés en Mésoamérique.

Pourquoi ce genre de techniques n’est-il pas davantage répandu ?
Bien que l’efficacité des associations de cultures soit reconnue, les modèles d’agriculture intensive prédominent largement dans le monde. Cette agriculture intensive, dite conventionnelle, reste un moyen dans l’imaginaire collectif pour nourrir le monde.
Malheureusement, cette agriculture qui n’est pas compatible avec l’association de cultures, engendre de nombreux problèmes : pollution (sols, nappes phréatiques, air), risques sanitaires, perte de biodiversité, détérioration des terres cultivées, etc.
Face à ces défis, d’innombrables initiatives plus écologiques se multiplient à travers le monde. Se dirigerait-on doucement mais sûrement vers un changement radical des méthodes de production agricole ?
Pour en savoir plus sur les pratiques agricoles respectueuses de l’environnement
La rédaction de Toutvert.fr vous recommande ces autres articles sur l’agriculture :
- Zoom sur l’agriculture biodynamique
- Vous saurez tout sur la permaculture
- Le lombric au secours de l’agriculture
- Cultiver sans eau: le miracle du polyter
- Des drones pour une agriculture raisonnée?
- La clé d’un jardin réussi : un sol vivant !
prova