L’agroécologie, une alternative à l’agriculture dite « conventionnelle » ?
Focus sur une notion complexe
L’agroécologie fait de plus en plus parler d’elle. Mais que se cache-t-il vraiment derrière cette notion liant agronomie (science de l’agriculture) et écologie (science de l’environnement) ? S’agit-il véritablement d’un remède miracle pour nourrir le monde et enrayer le changement climatique ?

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Agroécologie définition de la FAO
Il n’existe pas une définition unique de ce qu’est l’agroécologie. La FAO (Food and Agricultural Organization, en français Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) l’a bien compris puisque qu’elle a décidé de créer une base de données qui regroupe ses multiples définitions.
Cette base de données permet de montrer la diversité qui se cache derrière le terme « agroécologie ». Mais elle permet également d’en souligner les éléments communs. C’est autour de ces derniers que la FAO a déterminé un cadre de 10 paramètres sur lesquels repose l’agroécologie :
- Diversité : la diversification est un élément primordial en agroécologie puisqu’elle améliore la sécurité alimentaire ainsi que la nutrition. Elle permet également de protéger les ressources naturelles.
- Co-création et partage de connaissances : l’agroécologie promeut une approche concertée et participative des innovations agricoles afin de résoudre les problèmes locaux.
- Synergies : la constitution de synergies permet d’augmenter les services écosystémiques et la production. Exemple de synergie : association de cultures annuelles, pérennes et de couverture. Que sont les services écosystémiques ? Ils s’agit de services qui rendent possible notre vie sur terre, à l’instar de la pollinisation des cultures et de la régulation du climat (services de régulation), de la formation des sols (service de support), et de la production de nourriture et d’eau (services d’approvisionnement). Nous pouvons aussi mentionner les services socioculturels rendus par la nature : écotourisme, valeurs spirituelles, etc.
- Efficience : le fait de pouvoir produire davantage en recourant à moins d’intrants externes.
- Recyclage : il permet de diminuer les coûts environnementaux et économiques de la production agricole.
- Résilience : les communautés et les écosystèmes, en étant plus résilients, engendrent des systèmes agricoles et alimentaires plus durables.
- Valeurs humaines et sociales : il s’agit d’améliorer le niveau de vie en milieu rural (ex : équité, bien-être social, revenus).
- Culture et traditions alimentaires : les habitudes alimentaires doivent être diversifiées, saines, et adaptées au plan culturel.
- Gouvernances responsables : l’agroécologie a besoin de mécanismes de gouvernances responsables à tous les niveaux : mondial, national, local. Ces mécanismes permettent d’aller plus avant dans la transition agroécologique des systèmes dits « traditionnels ».
- Économie circulaire et solidaire : il s’agit de rapprocher les producteurs des consommateurs, d’instaurer des règles sociales inclusives et durables, et de trouver des solutions pour vivre en cohérence sur une planète qui a des ressources limitées.
Les 12 fondamentaux de l’agroécologie
L’agroécologie n’a pas une unique définition. Cela est aussi vrai pour ses fondamentaux. Diverses associations et structures en ont donc élaborés. Ces fondamentaux sont parfois au nombre de 12, d’autres fois ils sont plus nombreux. Ils sont parfois rangés en plusieurs catégories (ex : économie, politique, environnement, socio-culturel).
Le ministère français de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire (MASA) a sélectionné il y a quelques années 13 fondamentaux qui, une fois en place, engendrent des cycles vertueux et durables dans la production agricole :
- Intelligence collective : le changement dans les pratiques agricoles s’appuie sur les partages d’expériences et les initiatives collectives innovantes.
- Couverture et rotation : les cultures de couverture et la rotations des cultures améliorent la qualité des sols (davantage d’azote et de carbone, moins d’érosion).
- Adaptation climatique : les végétaux fixent la matière organique dans le sol. Ceci permet de contribuer au stockage des gaz à effet de serre.
- Biodiversité des sols : un sol vivant est indispensable pour le bon développement des cultures. En effet, les petits êtres présents dans la terre impactent sa structure en favorisant la rétention d’eau et l’enracinement. Dans le même temps, l’érosion a une action limitée. De plus, ces organismes jouent un rôle dans le cycle des nutriments et la décomposition. Un sol en bonne santé donnera également aux végétaux une meilleure protection contre les maladies et les nuisibles.
- Fixation de l’azote : l’azote est essentiel à la nutrition des végétaux. Il est produit notamment par les légumineuses qui fixent dans le sol l’azote présent l’atmosphère. L’azote ainsi présent dans le sol bénéficie aux autres cultures.
- Synergie cultures-élevage : les association de cultures avec l’élevage permettent un recyclage des ressources. Par exemple, les déjections des animaux servent à faire du fumier pour le développement des cultures, puis une partie de ces cultures peut être destinée à l’alimentation des animaux. Si ce sujet vous intéresse, prenez le temps de découvrir l’agropastoralisme.
- Gestion de l’énergie : l’énergie qui provient de la biomasse est favorisée (ex: énergie solaire, méthanisation, etc.).
- Biocontrôle : méthodes basées sur l’utilisation de mécanismes naturels pour protéger des végétaux. Dans une note de service du MASA du 12/09/2022, nous pouvons retrouver la liste des produits phytopharmaceutiques de biocontrôle (ex : huile de colza, huile essentielle d’orange, soufre, terre de diatomée, etc.).
- Agroforesterie : technique alliant les arbres et les cultures/élevages qui permet d’améliorer la qualité de l’eau et du sol, la biodiversité et la productivité.
- Biodiversité : la protection de la biodiversité est primordiale. Pourquoi donc ne pas utiliser la biodiversité et la protéger dans le même temps ? L’agroécologie propose de lutter contre les insectes nuisibles aux cultures en faisant appel à des oiseaux ou encore à des chauves-souris.
- Pollinisation : essentiels au maintien de la biodiversité, les insectes polinisateurs (comme les abeilles) sont des auxiliaires dont on ne peut pas se passer en agriculture.
- Gestion de l’eau : une amélioration des sols permet un meilleur stockage de la ressource en eau. L’agroécologie défend des pratiques qui protègent par exemple les sols de l’érosion et du ruissellement, et suppose une utilisation raisonnée de l’eau.
- Semences durables : des semences/plants sains et adaptés réduisent l’utilisation de produits phytosanitaires.
Pourquoi faire de l’agroécologie ? Ses avantages
Les fondamentaux de l’agroécologie cités ci-dessus montrent un certain nombre d’avantages écologiques. En effet, l’agroécologie favorise la biodiversité, optimise l’usage de l’eau, lutte contre l’érosion, fertilise organiquement les sols, etc.
Etant donné que l’agroécologie fait appel à moins d’intrants chimiques, la santé des travailleurs de la terre est davantage protégée. De plus, utiliser moins d’intrants permet également une baisse des coûts de production.
Enfin, l’agroécologie promeut plus de diversité (ce qui est un bon point pour nos régimes alimentaires) et une vision plus durable de nos systèmes agricoles (travailler en cohérence avec la terre). Les savoirs des paysans sont mis en valeur et leur place dans la société revalorisée.
Quel est le but de l’agroécologie ?
L’agroécologie a pour but de tendre vers une agriculture plus durable qui respecterait les Hommes, la terre et les animaux, tout en répondant aux besoins alimentaires et économiques.
Qui a créé l’agroécologie ?
Le terme « agroécologie » aurait été utilisé pour la première fois en 1928 par un agronome américain (Basil Bensin). D’après lui, il serait possible de produire mieux en respectant davantage l’environnement.
L’agroécologie contemporaine serait liée à un ancien professeur de l’université de Californie à Santa Cruz (Stephen Gliessman) qui définit cette notion comme une solution au besoin de développer une agriculture qui respecte l’environnement et sous la forme d’agroécosystèmes liés aux connaissances, à la culture et aux expériences locales. En d’autres termes, il n’existe pas de recette miracle et les pratiques agricoles doivent être adaptées au contexte local.
Agroécologie et permaculture
La permaculture permet de créer un écosystème qui s’inspire de la nature, mais pas seulement. Elle implique également une dimension sociale et philosophique (ex : égalité, partage, ressources renouvelables, bien-être, finance, etc.).
L’agroécologie, qui est une science, une pratique agricole ou encore un mouvement social, ne concerne que l’espace de culture.
Formation en agroécologie
Etudes longues à l’université ou encore formations courtes dispensées par des associations, il existe plusieurs formules pour se former à l’agroécologie.
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